François Staal

L’en-vie
(Cristal – L’autre distribution)

François Staal, nous le connaissions de loin, comme beaucoup, surtout par ses musiques de film, domaine qui le voit particulièrement prolixe. Il faut dire qu’elles sont belles ses musiques, du coup, les commandes affluent et il y consacre une grande part de son temps.
Nous le connaissions aussi comme père, mentor, pygmalion des Psychotic Monks, cette bande de lycéens rencontrés en 2013 et devenus une des formations les plus passionnantes de la scène psyché-grunge du pays, à la côte grandissante, comme en a témoigné sa présence à l’affiche de nombreux festivals l’été dernier.

Nous connaissions moins sa carrière auteur-compositeur-interprète, qu’il mène de façon plus discrète. C’est son jardin. L’homme est pudique. Il entrouvre les portes, mais pas trop. Séduits par ses chansons profondes, son timbre expressif et ses orchestrations au parfum folk/rock, nous l’avions invités sur la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité pour un concert tout en sensibilité. Et sommes resté sous le charme de ce musicien poète, tout pétri d’humanité et de gentillesse. Son nouvel album, L’en-vie, à paraître le 20 septembre sera présenté le 28 septembre sur la scène du Trianon à Paris. Il s’annonce comme un événement. En dix titres, François se livre avec majesté. Mélodies alanguies sur des claviers mélancoliques, des arrangements tout en retenue mais avec guitares saturées en sourdine, des accents furieusement rock (Rien ne s’est passé) qui succèdent à des ballades superbes (Tant que je danse, L’en-vie…) étonnante variété de climats sonores mettent en relief des textes particulièrement émouvants, attachants, troublants… François Staal ne rigole pas avec la poésie. Evidemment l’inspiration rimbaldienne, l’humeur baudelairienne (Passants nous sommes, Homme solitaire) circulent dans des textes qui interrogent le sens de la vie et notre devenir (Flamboyants), l’exil des réfugiés et la douleur du partir (Ne reviens plus ici), l’exaltation de la création (Modigliani), le désir et bien sûr l’amour (Marie, titre de toute beauté). La profondeur des sentiments s’y exprime avec la plus grande sincérité. Pas une trace de cynisme ou de snobisme. N’y cherchez pas la punchline, il n’y en a pas. D’ailleurs, cet album n’est pas fait pour la danse.

En revanche il réjouira celles et ceux qui ont gardé une place pour Bashung, Couture ou, tiens ! Cabrel, amateurs de cette chanson rock à la française que Staal sert avec une grande noblesse. Remarquablement joué et produit en indé, L’en-vie est une grande réussite – écoutez donc Marie -, impeccable pour ouvrir la saison.