Riche, exigeante, ouverte à l’émergence, la Scène Zebrock de la Fête de l’Humanité est bien le rendez-vous très attendu d’un public multigénérationnel, curieux et cultivé.
Nous avons vu, durant ces trois jours de Fête, des artistes qui ne cèdent ni à l’air du temps ni aux injonctions, portant des propos exigeants ; des publics bigarrés, ouverts à de nouvelles esthétiques ; des sourires, des yeux émerveillés, des pleurs, des baisers ; des grappes de jeunes partager et vivre la Fête pleinement. C’était bien !
L’enthousiasme contagieux des artistes et du public est notre cadeau.
Retour sur 3 jours de Fête.
Principles of Joy
Le groupe phare de la scène soul française, 100% Seine-Saint-Denis, a livré une prestation intense. Assurément le groupe joue bien, avec cohérence. La chanteuse Rachel Yarabou est totalement imprégnée de l’esprit soul de la formation/ Les guitares de Loïc Betms et Harysson Jean-Baptiste – ravis de retrouver cet épatant, déjà croisé sur la Scène Zebrock avec le groupe de Montreuil, Cassidy Sacré, dont il est le bassiste – et le clavier tenu par l’incroyable Norman Smuggler, conjugués à la basse de Jerôme Maklès et à la batterie de Schaël Michanol sont parfaitement dans le tempo et éclairent la musique de phrases mélodiques trempées dans la meilleure tradition de la soul. Du grand art.
Stéphanie Acquette
Place aux découvertes du Grand Zebrock #3.
Flanquée de l’infatigable Kim Giani à la batterie et de Dario à la basse, Stéphanie Acquette nous livre ses chansons au parfum acide tant appréciées chez Zebrock, drapées de nouveaux arrangements traduisant les directions de travail que la chanteuse-guitariste-bassiste souhaite privilégier dans les mois qui viennent. Choix gagnant. Dans un registre qui la tire vers l’icône PJ Harvey, Stéphanie nous livre deux titres en ouverture, électriques et minimalistes, brefs et rentre-dedans, qui nous donnent envie d’en savoir plus sur ses intentions. Suivent trois titres plus marqués par les ambiances cool qui lui sont familières ou les relents de bossa et le chant alangui déroulent une ambiance décontractée bienvenue en ce dimanche après-midi de Fête de l’Humanité. Hélas, la menace d’une météo très capricieuse fait écourter tous les concerts… Ravis de l’avoir accompagnée jusque-là, nous voici impatients de voir la suite !
Florent Marchet
Rappelons que le chanteur qui n’a pas caché son plaisir de revenir sur la Scène Zebrock, a sorti un des tout meilleurs albums de 2022 dont la tournée a traversé le pays. C’est de cet album dont il était question là, dans un décor inspiré de la pochette de Garden Party. Piano-voix-machines, un environnement minimal pour restituer avec brio les nuances qui parcourent ce disque où Florent, une fois de plus, passe au scalpel nos habitudes, modes de vie et souvenirs divers. Le chant toujours chargé d’émotion passe très bien sur cet espace en plein air. Et il relève avec réussite le défi de restituer en plein air des chansons intimes et pleines d’émotions dans une subtile connivence entre lui et son seul musicien. Un vrai moment suspendu à l’écoute d’un public manifestement sous le charme des mélodies. Merci.
Zaho de Sagazan
Des concerts attendus de la Scène Zebrock, celui-ci n’était pas le moindre. Inconnue il y a moins d’un an, révélée aux Transmusicales et immédiatement propulsée sur des dizaines de scènes, interviewée, portraiturée, sortant « La symphonie des éclairs », un premier disque évènement, on peut dire que la jeune Nantaise est une des figures de l’année et qu’elle travaille dur. Le pubic nombreux, partagé entre déjà-fans et curieux-intrigués, lui réserve un accueil très chaleureux. Les moments de grâce et de douceur de certains de ses titres laissent place à une transe électronique, enivrante et subtile. Parolière hors-paire et déjà bête de scène, Zaho a impressionné la Scène Zebrock. Il semble que nous n’en soyons qu’au début…
Suzanne vega
La fébrilité incrédule laisse place à un grand contentement : oui, Suzanne Vega est là, sur la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité. On se masse devant la scène. Guitare en main, acompagnée de Gerry Leonard, remarquable guitariste irlandais, son complice plusieurs années, qu’elle partageant un temps avec David Bowie. Concert raccourci pour cause de météo, concert fervent avec ses grandes chansons, Marlène on the wall, Lucas et tant d’autres, issues de son imposante et riche discographie. La Dame de New York, certainement une des plus belles conteuses de la scène folk-rock, a glissé pour le plus grand contentement de celles et ceux qui n’avaient pu la voir à l’Olympia en mai, le fameux Walk on the Wild Side de Lou Reed, l’autre new yorkais romantique. On se retrouve tout chamboulé à la fin d’un concert nécessairement trop court, se promettant de ne pas manquer ses prochaines chansons et concerts à venir.
Photos : © Hylawpix
C’était le dimanche 17 septembre. Regardez ce qui s’est passé les 2 autres jours.