Dans les États-Unis, conservateurs, puritains réactionnaires de la fin des années 1950, les premiers rockers (Elvis, Holly, Jerry Lee) passent pour des fous furieux « jeunes blancs singeant les noirs ». Ils inquiètent, ils font peur et dans bien des cas il sont interdits, le rock est banni des antennes et des ballrooms. Juste avant que les dollars ne commencent à pleuvoir, mais c’est une autre histoire.
Alors quand femme, jeune et fraîchement sexy, éblouie par Elvis prend sa guitare et chante comme Presley, c’est la subversion de trop. Les disques de rock sont brulés, façon autodafé.
A cette époque, le féminisme n’est encore qu’en concept lointain, égaré dans les villes du nord. Pass de ça ici disent les shérifs du sud. « Woman is the nigger of the World » chantera plus tard John Lennon, dans un raccourci saisissant.
Wanda Jackson
Pionnière du rock dans un milieu d’hommes, Wanda Jackson est née en 1937. Jeune chanteuse country , elle se découvre le rockabilly et ouvre les shows d’Elvis Presley au début des années 50. Apres avoir enregistré quelques classiques (You Can’t Have my Love, Fujiyama Mama) elle prouve qu’elle n’a rien à prouver aux hommes. Gene Vincent, Carl Perkins, ou encore Jerry Lee Lewis se produisent sur scène avec elle dans des tournées mémorables.
Mais dans l’Amérique de la fin des années 1950, les premiers rockers (Elvis, Buddy, Jerry Lee, Gene) passent aux yeux de la bonne société pour des fous furieux « jeunes blancs singeant les noirs ».
Aussi, quand jeune une femme prend sa guitare et chante comme un garçon c’est la subversion de trop. Elle passe pour une « sorcière » aux yeux des parents et des institutions. Wanda arrive trop tôt, la société américaine n’est pas prête.
Plus tard, elle retrouvera la musique country mais sa féminité et son côté sauvage resteront comme une pierre angulaire de l’attitude rock (elle est souvent citée comme modèle par Johny Cash, Bruce Springsteen ou Elvis Costello). Jack White des White Stripes lui fait enregistrer un album de pur rock’n’roll en 2010 avec des reprises de Johnny Kidd, Bob Dylan ou Amy Winehouse.