Broken Homeland / Zamora – Pias
Sorti en septembre 2017, ce disque est de ceux qui prennent leur temps. Conçu hors des sentiers battus, ne prétendant à rien d’autre qu’être achevé et rencontrer son content d’auditeurs fébriles, il est le fruit d’un collectif parisien au pédigrée bien rempli et de collaborations impressionnantes.
Reprenons : les frères Mazurel, Hervé et Thierry, déjà à la manœuvre avec Jack the Riper puis les Fitzcarraldo Sessions sont férus d’ambiances sombres, d’histoires moites, un peu inquiétantes mais irrésistiblement attirantes. Ils sont aussi amateurs du son épais des guitares saturées, de la lenteur de chansons étirées finissant en mélopées où figures improvisées et chant aux accents dramatiques nous tiennent en haleine.
Autour d’eux Mathieu Texier, Adrien Rodrigue, Thomas Belhom et des invités de marque: Dominique A, Phoebe Killdeer, Shanon Wright, John Parish, Howe Gelb, Rosemary Standley, Marc Huygens, Josh Haden et Julia Lanoë. Je vous laisse le soin d’en mesurer la qualité et le savoir faire : ce casting est étourdissant et nous renseigne sur le degré de qualité et d’ambition de ce projet.
A l’arrivée 13 chansons qui se déroulent comme un roman ou plutôt une nouvelle centrée sur Valparaiso, cette ville intrigante là-bas de l’autre côté, au Chili loin, inaccessible et convoitée. Naufrage, exil, perte, voyage traversent l’univers onirique que dessinent les vidéos associées au projet. Ce disque baigne dans une aura mystérieuse que les écoutes successives dissipent à moins qu’elles n’aient un effet quasi hypnotique sur l’auditeur qui se laisse entrainer au fil des voix magnifiques, de la nonchalance de la musique et de la production toute feutrée et striée de John Parish. Impressionnant sur disque, le projet est aussi conçu pour rencontrer la scène : on imagine des soirées feutrées avec un public communiant. Remarquable.