Baloji – 137 avenue Kaniama

 137 avenue Kaniama – 2018 Bella Union/Pias
« Musique trop noire pour les blancs, trop blanche pour les noirs (…) ce qu’on me reproche je le cultive et j’en fais moi mon mantra » slam Baloji dans son nouvel album. En effet, le slammeur congolo-belge mêle dans ses morceaux des esthétiques diverses : hip hop, funk, rumba, soukouss, afro beat… « J’ai grandi avec tout ça, dit-il, mais les Européens ont du mal à accepter que les Africains de l’immigration puissent être multiples. »
 
Baloji (« sorcier » en swahili) est né au Congo à la fin des années 1970. Il est arrivé en Belgique avec son père (ou plutôt, enlevé à sa mère) en 1981. Adolescent à Liège, il découvre le rap et s’y met avec le groupe Starflam, qui connaît son heure de gloire en Belgique au début des années 2000. Baloji (alias MC Balo) quitte Starflam en 2004, déterminé à arrêter la musique. Deux ans plus tard, une lettre de sa mère le rappelle à la musique et au Congo. Il y retourne en 2008, vingt-cinq ans après son départ, son premier album solo dans ses bagages. Mais les retrouvailles ne se passent pas comme prévues… Tandis que sa mère voit en lui le fils aîné qui pourra prendre en charge la famille, il n’a comme richesse que sa prose. C’est cette désillusion que raconte le fascinant morceau « La dernière – inconnu à cette adresse », un périple qui nous embarque en plein Congo au 137 avenue Kaniama, nous renvoie en Belgique dans sa vie quotidienne et nous emporte dans un soukouss enragé. Ce retour au Congo, n’est finalement pas seulement négatif, puisque Baloji y retrouve un Congo où il se sent bien et qui l’inspire énormément, en témoignent les deux clips accompagnant la sortie de l’album.
Le clip de « Peau de chagrin-bleu de nuit », bijou audiovisuel, mystique et coloré a reçu les éloges de la critique. A Lusanga, Baloji a travaillé avec les artistes du CATPC (cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise) qui ont confectionné des costumes incroyables, détournant des symboles traditionnels de l’histoire du Congo. Plus comique, le clip de « Soleil de volt » met en scène une émission de musique sur la télévision étatique des années 1970, avec effets de montage peu modernes, dans laquelle le concert du groupe fictionnel de Baloji finit précocement par une coupure de courant !
Autobiographique, mais aussi cathartique, Baloji a pensé cet album comme son dernier : enregistré d’une traite dans un studio bruxellois, il y a tout mis. Mais il ne s’arrête pas là, cet esprit bouillonnant a déjà d’autres histoires à raconter : il travaille sur un long-métrage tourné au Congo sur des enfants sorciers.
Le clip de « Peau de chagrin – bleu de nuit » : https://www.youtube.com/watch?v=TzHM_JLgqO0
Le clip de « Soleil de Volt » : https://www.youtube.com/watch?v=lGzvjR6X_Xk