Marion Rampal, que nous avions connue jeune chanteuse en formation dans We used to have a band (GZ 2011) est devenue une des chanteuses majeures de la scène jazz française. Le jazz ici, est cette façon de vivre la musique en évitant de s’embarrasser des cases et des assignations à résidence dont les jeunes musiciennes et musiciens se moquent aujourd’hui. Je vais où je veux, jouer ce que je veux. Et comme je l’entends !
Un premier album paru en 2016, Main Blue, avait vite et bien tourné sur des radios curieuses et connût un beau succès critique. Fin 2019, elle a publié avec Pierre-François Blanchard, pianiste complice, un remarquable Le Secret lui aussi, vite salué par la critique. Et par nous aussi. Le secret par lequel une mélodie ou un textecontinue son chemin et se transforme est au cœur de ce travail passionnant. Fauré et Schubert, mais aussi Pierre Barouh, Verlaine et Brigitte Fontaine sont « convoqués », leur musique amoureusement bousculée à l’aune improviste des douze mesures du blues et de la note bleue. Un invité de marque, Archie Shepp emporte de son souffle les titres Prison et Blues de la prison (réminiscence de son légendaire Attica Blues ?). Marion Rampal est en fait une des belles figures de cette nouvelle scène musicale très cultivée, idéaliste et pragmatique qui sait s’emparer d’une mélodie pourvue qu’elle soit attrayante, d’un rythme pourvu qu’il pulse et de mots pourvu qu’ils parlent. The times they are a changin’, disait le barde : ça se vérifie, dirait-on.