Néon Napoléon
Séverin livre un troisième opus solo, Transatlantique, confirmant son talent à part dans le champ de la chanson. Séverin traverse l’Atlantique jusqu’à l’Amérique du sud, érigeant un pont entre une pop française rappelant Thomas Dutronc ou Bénabar, et la bossa nova brésilienne. Avec la joyeuse nonchalance de la bossa, l’auteur-compositeur et multi-instrumentiste évoque des sujets de société avec un doux cynisme. L’interview, mettant en scène les questions d’une journaliste (Léa Salamé dans le clip) sur son album, pointe avec humour son statut d’artiste à la marge et lui permet dès le premier morceau de justifier les neuf suivants. L’abstentionniste, Les points d’exclamation, Fais gaffe à ta solitude, sont autant de chansons dépeignant le désengagement, l’individualisme voire l’égoïsme très prégnants dans une société occidentale obnubilée par les réseaux sociaux virtuels. En témoigne la chanson En vacances, dont le clip représente le défilement d’un fil d’actualités Instagram.
Séverin parle justement de lui tout le long de l’album jusqu’au dernier morceau, 30 minutes, qui raconte son décès imaginé, qui lui confèrerait une dernière heure de gloire. Mais un second personnage apparaît en filigrane à plusieurs reprises, c’est sa compagne brésilienne, qu’il décrit et à qui il s’adresse dans Elle est là, Parle-moi, Quand bien même… Avec autodérision et un cynisme indolent, Séverin se relie aux autres par la musique : « Je crois au futur sentimental » annonce-t-il dès l’introduction. Transatlantique nous entraine dans un beau mélange des genres tropical et nous rappelle dans La vie con : « qu’on soit crevé, quitté ou cocu, la vie continue ».