Retour sur la Scène Zebrock de la Fête de l’Humanité 2023 | Samedi

Riche, exigeante, ouverte à l’émergence, la Scène Zebrock de la Fête de l’Humanité est bien le rendez-vous très attendu d’un public multigénérationnel, curieux et cultivé.

Nous avons vu, durant ces trois jours de Fête, des artistes qui ne cèdent ni à l’air du temps ni aux injonctions, portant des propos exigeants ; des publics bigarrés, ouverts à de nouvelles esthétiques ; des sourires, des yeux émerveillés, des pleurs, des baisers ; des grappes de jeunes partager et vivre la Fête pleinement. C’était bien !

L’enthousiasme contagieux des artistes et du public est notre cadeau. 

Ottis Coeur

Entendue au Printemps de Bourges, repérée au Transmusicales, cette jeune formation en train de passer le cap d’une notoriété confidentielle confirme le statut de la Scène Zebrock : la découverte prime ! Le duo, devenu trio sur scène, joue un rock garage bien ficelé. Guitare, basse, batterie avec des textes en français inspirés, le duo fonctionne avec une belle alchimie et des morceaux nickel. Leur « Labrador » est une pépite qui reste en tête et qu’on fredonne longtemps. Le public était au rendez-vous. Et nous les croiserons dans les projets éducatifs de Zebrock en 23/24. Bonne pioche !

EDVA

Place aux découvertes du Grand Zebrock #2 !

Nous nous demandions ce qui allait ressortir de ce concert, après les avoir vus dans le format club de la Maroquinerie. Nous avons été bluffés par ce que le groupe dégage. Ils sont émergents par leur notoriété mais leur musique est très aboutie. Les trois sur scène forment une alchimie particulière, puissante, onirique. Coup de coeur confirmé ! La musique, le spectacle et l’émotion étaient au rendez-vous. Le public ne s’y est pas trompé, bien plus nombreux à la fin du set qu’à son entame.

Bracco

Tiens, celui-là aussi on l’attendait. Comment un groupe sans concession, signé sur un label sans fioritures – Born Bad – qui met en vrac les petites salles de concerts, va-t-il passer sur cette scène, en ce lieu singulier qu’est la Fête ? La claque. Ils n’ont pas baissé la garde d’un millimètre. Entre Stooges et Nine Inch Nails, le duo nous offre un concert très démonstratif, dérangeant parfois, qui nous pousse bien sûr dans nos retranchements. La marque de qualité Born Bad et la réputation grandissante de Bracco avaient réuni un solide public, convaincu par la performance pour le moins inhabituelle et les éclairs de guitare et de synthés. Une bonne touche d’esthétique post-punk, alternative et subversive. Un goût de Berlin !

Michel Cloup

Enfin Michel Cloup sur une scène de la Fête de l’Humanité disaient de nombreux posts sur les réseaux sociaux avant la Fête. Heureusement la Scène Zebrock veille : nous étions ravis d’accueillir ce tempérament musical qui, depuis le milieu des années 80 (Diabologum, Expérience etc…), tient allumée une petite mèche d’explosif. Le concert a été à la mesure de notre attente, bien que la taille de la scène et l’heure ne soient pas les plus confortables pour une musique jouée à fort volume mais aux accents intimistes. Le dernier album, Blackflip au-dessus du chaos a été à l’honneur avec une version virulente de Lâcher Prise et celle, exponentielle, de L’Internationale, inattendue pour bien des spectateurs, mais accueillie avec ferveur . Fou comment ce vieux texte prend un coup de jeune sous les assauts répétés des stridences du groupe.

Bilal Hassani

Nous avons été bluffés par Bilal Hassani, par sa personnalité humble, joyeuse et profondément généreuse comme par sa capacité à faire un show pop flamboyant et référencé (clins d’oeil appuyés à Madonna, Britney et Lady Gaga s’il vous plaît). Sur scène, lui et sa famille de danseurs mettent le feu. Littéralement. Le public est conquis, c’est l’explosion de joie sans complexe : les fans (à fond) chantent et dansent au plus près de leur idole; les autres assistent à cette communion le sourire aux lèvres. Surpris oui, mais agréablement surpris. En somme, personne ne boude son plaisir, loin des polémiques abrutissantes et ça fait du bien. Avec son look impeccable, heureux d’être là, Bilal a gagné des ouailles.

Médine

Le prince du Havre était attendu, ce n’est rien de le dire. Foule compacte débordant largement dans les allées de la Fête et méga-ovation. Haute stature sobrement vêtu, barbe soignée comme il se doit, le rappeur déroule ses titres dans un phrasé impéccable. Impressionnant comment son autorité s’impose sur la scène. Il nous fait le plaisir d’interpréter ses succès récents : KYLL, sans Booba bien entendu, La France au Rap Français, faisant écho à une programmation de la Fête de l’Humanité qui fait la part belle aux rappeurs français de tous horizons. Mais il n’en oublie pas pour autant ses titres moins récents : ovation lors des premières notes de Brassens et de Grand Paris, titre durant lequel la foule reprend à l’unisson « Le 9-3 influence Paris, Paris influence le monde » (refrain initialement clamé par le rappeur Sofiane) Ce qui résonne particulièrement fort dans les oreilles de Zebrock !

Tchao François

La soirée attendue, exceptionnelle par son objet autant que par le nombre des artistes présents. Tout le monde était là pour honorer dans le rire et la bonne humeur François Hadji-Lazaro et ses chansons. On a ouvert par une prestation certes un peu bancale, mais très enjouée des Garces Embouchées, collectif féminin et féministe de Grenoble venu déambuler dans la Fête et ouvrir le show. Puis les invités ont déroulé le tapis de leur hommage élu : Féloche, Clarika, Emily Loizeau, Louise Vertigo, Sansévérino, Jean-Jacques Nyssen et Antoine Tchao, suivis de Pigalle et les Garçons Bouchers reformés pour l’occasion.Nous avons fini dans une version a capella chantée tant sur scène que dans la foule de « La salle du bar-tabac de la rue des Martyrs ». Et toutes, tous, nous chantions.

Photos : © Hylawpix et ©Aubondéclic


C’était le samedi 16 septembre. Regardez ce qui s’est passé les 2 autres jours.

Photos : © Hylawpix