Riche, exigeante, ouverte à l’émergence, la Scène Zebrock de la Fête de l’Humanité est bien le rendez-vous très attendu d’un public multigénérationnel, curieux et cultivé.
Nous avons vu, durant ces trois jours de Fête, des artistes qui ne cèdent ni à l’air du temps ni aux injonctions, portant des propos exigeants ; des publics bigarrés, ouverts à de nouvelles esthétiques ; des sourires, des yeux émerveillés, des pleurs, des baisers ; des grappes de jeunes partager et vivre la Fête pleinement. C’était bien !
L’enthousiasme contagieux des artistes et du public est notre cadeau.
Retour sur 3 jours de Fête.
Jo Dahan
L’ancien bassiste de la Mano Negra et des Wampas a la dure tache d’ouvrir la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité.. . qui se remplit vite car la stridence attire. Son album « Injoignable » paru au printemps 2023 est au cœur d’un set qui ne mégote pas sur le rock and roll, les riffs et les breaks. Avec Jo, deux jeunots énervés, Tommy Haullard aux claviers et Joseph Cartigny à la batterie. A grande vitesse le concert fait défiler les bons titres que Jo a mis à son répertoire dont l’excellent Comme Bach, au clip si inspiré et drôle. La Fête commence bien !
Robespierre
Place aux découvertes du Grand Zebrock #1.
Robespierre occupe la scène dans une Fête qui commence à se peupler. Les quatre déploient avec brio leur très grand savoir-faire, pas un instant impressionnés par la taille de la scène. Leurs excellentes chansons (notamment Tears ou Strawberry Caught) fonctionnent parfaitement. Le chant de Pierre Karson et les parties de guitare de Robin Gentien (remarquables de l’avis général) se complètent idéalement tandis Franck Marie Magdeleine et Tristan Bex à la basse et à la batterie assurent le socle. Ça court sur scène et se juche sur la sono, le show est entrainant et la foule qui s’est massée est d’accord : ces Robespierre ont quelque chose d’important à nous dire pour l’avenir.
Juste Shani
Ce concert nous rappelle celui de Eesah Yasuke ici même en 2022 : place aux femmes du rap ! Un des beaux paris de la Scène Zebrock, relevé de main de maîtresse : repérée il y a quelques années, Juste Shani a fait des progrès gigantesques. La rappeuse ( et footballeuse : n’a-t-elle pas écrit l’hymne des Bleues ?) confirme sa stature d’artiste rap d’envergure. Entre productions trap, électro et baile funk, elle glisse des textes habiles, soucieux de compter et de faire réfléchir. Elle tient la scène avec une aisance qui fait plaisir à voir et s’offre un public enthousiaste débordant d’énergie. À suivre !
Les Vulves Assassines
On se masse et se trémousse devant la Scène Zebrock, quand approche l’heure du concert, des passionarias du rock-electro et des luttes sociales et sociétales. Ovation et c’est parti pour ne s’arrêter dans un gros crissement de pneus qu’une heure plus tard bien tassée. Les trois protagonistes ( DJ Conant, DJ Vieillard et Sammy) foncent à toute vitesse avec des chansons qui sont autant de brûlots militants que d’hymnes à se chauffer les unes contre les autres (et inversement). Le summum est atteint avec La retraite qui enflamme le public de la Fête qui connait le refrain par cœur pour l’avoir testé dans moult manifestations. Et on se retrouve au bar, pour finir de refaire le monde en toute amitié !
Braves
Il est l’âme de La Familiale qui avait initié les concerts Braves ! (deux concerts rap à Paris et Lille pour le soutien à la caisse de grève des retraites). Guéno monte sur scène et lance la carte blanches BRAVES ! qui ne fait qu’amplifier l’ambiance électrique qui sévit sur la Scène Zebrock. KZCO et son DJ set font monter la pression d’un cran, avant de passer le relais à Souffrance. La foule gonflée à bloc reprend en coeur les punchlines du rappeur Montreuillois. Quelques pogos se forment ici et là, l’ambiance ne désemplit pas. Et puis Nayra. La jeune rapeuse dionysienne n’a rien à envier aux étoiles du genre. Nous découvrons avec fierté la belle évolution qu’elle a réalisée, tant dans les textes que dans les compositions, depuis que nous l’avons accompagnée au Grand Zebrock en 2021. Une artiste talentueuse que rien n’arrête !
Photos : © Hylawpix et © Au Bon Declic
C’était le vendredi 15 septembre. Regardez ce qui s’est passé les 2 autres jours.