Le jouage avec Jean-Philippe Dary et Hervé Legeay.
Zebrock : Hervé, Jean-Philippe : qui êtes vous, que faites-vous ?
Hervé Legeay : Je suis guitariste. J’ai fait beaucoup de styles de musique différents. Beaucoup de rock, j’ai aussi fait partie de cette vague néo-manouche qui sévit depuis plus de 20 ans. Je suis à Zebrock depuis 2004, je remplaçais, un jeune homme qui s’appelle Albin de la Simone. C’est toujours un plaisir de faire ce boulot, tous les ans de découvrir de nouveaux artistes. J’insiste sur le mot plaisir.
Je suis coach en jouage. D’ailleurs la personne qui a inventé le mot jouage c’est Albin. Le jouage, c’est très artisanal comme boulot. C’est mettre en valeur tout ce qu’on entend en direct. On décortique soit basse-batterie, soit des parties à jouer qui ne sont pas hyper au point, qui parasitent la perception immédiate de ce qui se crée.
C’est un peu une vue d’hélicoptère sur leur boulot. Ils un peu la tête dans le guidon, souvent les artistes… ils ne voient pas les petits défauts, les petits détails qui font que ça pourrait être mieux lubrifié.
Jean-Philippe Dary : Je joue du piano, du clavier, du synthé et je suis plutôt dans le monde de la musique africaine. J’ai beaucoup tourné avec Tony Allen, des gens comme Papa Wemba. Et aussi pop, musique urbaine. Comme Hervé, je suis là pour le module jouage. Mon rôle c’est coach en jouage, comme on dit. C’est effectivement une vue d’hélicoptère, avec de par notre expérience, la possibilité de zoomer sur des passages, zoomer sur des situations d’arrangement entre basse-batterie, une voix et une guitare, une guitare et un piano, entre deux guitares et une basse. Comment rendre tout ça plus fluide. C’est la gestion de l’énergie, je dirais.
HL : Et la justesse. Pas forcément la justesse en termes de hauteur de son, mais la sincérité du propos.
Souvent, ils passent à côté, ils arrivent pas à être eux même, alors qu’il suffit de quelques détails pour que ça sonne juste. Comme on peut jouer juste au foot ou dans plein d’autres domaines.
Z : Quelle est votre méthode, votre philosophie de coaching ?
JPD : Il faut laisser les artistes s’exprimer. Et souvent, dans leur façon de s’exprimer, il y a les questions. On sent une hésitation, comme une sorte de demande, un petit appel à l’aide. C’est ma vision. ( Nau Mad fait une apparition. Les deux coachs les saluent, ndlr )… voilà c’est ça justement. ! Créer du lien humain.
Z : Est-ce que vous observer de réelles évolutions ?
HL : Ah bah oui ! Ça fait plaisir de voir des articles dans Le Monde ou dans Libé sur des groupes qu’on a coaché. Des groupes comme Psychotic Monks ou Steve Amber, on les a vus tout minots, en train de s’accorder dans le local, en demande comme ceux de cette année ( 2022 ndlr ). C’est vrai que ça fait plaisir de voir des réussites. Pour Béa de Demi Mondaine, c’est génial. Et il y en a d’autres encore !
JPD : Oui, bien sûr. Et je dirais même, juste dans le cadre d’une session, de voir les gens arriver tête baissé, pas sûr d’eux et de les voir repartir un peu plus sûrs d’eux avec l’impression d’avoir grandi. Si on peut aider à ça c’est génial.
Z : Qu’est ce que vous attendez des groupes qui sont sélectionnés au Grand Zebrock ?
JPD : J’attends que les groupes soient à l’écoute de ce qu’on va leur dire. Parce que nous on va être à l’écoute de ce qu’ils vont nous dire.
HL : En tout cas, c’est intéressant quand ils ne subissent pas., quand il y a une vraie réflexion et pas de fermeture. En règle générale, ça se passe toujours super bien. J’ai pas d’exemples de douleur ou de souffrance pendant une session de travail.
JPD : D’ailleurs, on retrouve des gens qui reviennent. Certains passent par The Voice ou des trucs comme ça et finalement ils reviennent quand même. Donc c’est qu’il y a un truc qu’ils n’ont pas trouvé ailleurs. Ce qui est plutôt bon signe, ce grain Zebrock…( rires ). Et ce qui compte pour nous à Zebrock c’est d’encourager les gens à être créatifs, à s’exprimer par la musique, ou d’autres arts.
Propos recueillis en 2022 (depuis, Jean-Philippe Dary a entamé un long travail et des tournées avec Jeff Mills et Hervé Legeay travaille sur beaucoup de projets, dont certains avec Sansévérino et d’autres pour le théâtre).