« Fever » – Otis Blackwell / 1956

Auteur-compositeur fulgurant, ce bluesman compose une flottée de titres essentiels, notamment interprétés Elvis Presley. Ce « Fever » est devenu un standard, mille fois repris et réinterprété. Comme beaucoup d’autre artistes afro-américains, Otis Blackwell le signe sous un pseudonyme, John Davenport qui dissimule ses origines. En effet, les premières photos d’artistes noirs n’apparaîtront sur les pochettes qu’à partir du début des années 60. Issu du rythm’n blues, l’expression rock’n roll s’est imposée sur le marché du disque pour des raisons liées à la politique raciale de l’époque. Il fallait en quelque sorte « blanchir » cette musique afin que les disquaires en vendent les disques et les radios les diffusent.

Otis Blackwell
En 1956, sous le pseudonyme de John Davenport, Otis Blackwell écrit « Fever » pour le chanteur Little Willie John qui vend plus d’un million de disques. Reprise deux ans plus tard par Peggy Lee, cette chanson deviendra un classique.
Le 2 juillet 1956, Elvis Presley enregistre une autre de ses chansons, Don’t Be Cruel. Ce morceau se classe pendant sept semaines en tête des meilleures ventes de disques américaines. C’est le début d’une longue et fructueuse collaboration. Cependant Blackwell, n’apparait jamais directement face au public à une époque où la question de droits civiques du peuple noir n’est pas encore abordée. Il écrit pourtant une série de tubes, dont All Shook Up (écrite avec Presley), Il travaille également pour Jerry Lee Lewis et Cliff Richard. Ses compositions ont la particularité de combiner habilement les influences country et rhythm’ & blues. Il ne se contente pas d’écrire et de composer les textes et les musiques, il enregistre aussi toutes ses chansons sous la forme de démos où il chante et s’accompagne au piano et livre un produit fini à ses « clients ». La légende veut d’ailleurs que lui et Elvis ne se soient jamais rencontrés.
Il décède à soixante et onze ans d’une crise cardiaque. Malgré le rôle considérable qu’il a joué dans l’histoire du rock n’ roll, Otis Blackwell reste l’éternel oublié de toutes les récompenses dans ce domaine.

https://www.youtube.com/watch?v=CvuYiqiXvSo