Nous avons rencontré cette drôlesse de jeune femme dans le Grand Zebrock 2020, en pleine pandémie. Au moins un bon souvenir de cette période étrange. Depuis, beaucoup de travail, jeu de questions-réponses, valse-hésitation et finalement, bonne décision : un nouveau disque, un premier album.
Un vrai petit bonheur que nous attendions de plain-cœur. Car, plasticienne travaillant dans un hôpital psychiatrique, investie dans les débats sur le travail, la santé mentale, la religion ou les questions de genre, Louise Pressager écrit aussi des chansons qui lui ressemblent, malicieuses, touche à tout, cultivées, ironiques et tendres, caustiques et sensibles.
Depuis ce Grand Zebrock nous ne nous sommes plus quittés : un concert ici, des animations scolaires par-là, des discussions et une belle affection réciproque. Tout Zebrock est là, dans cette réciprocité, dans ce que nous savons en faire ensemble, les artistes et l’équipe. Des chansons étranges, donc ? Et pas qu’un peu, portées par la finesse musicale de Ferdinand Bayard, étonnant adepte de la ligne claire mélodique, élevé à l’école d’un Michel Legrand comme le remarquait justement une critique élogieuse de François Gorin dans Télérama. Des mélodies qui nous cueillent avec élégance, comme d’évidence, tant elles sont fluides. Louise Pressager dont la voix porte une ingénuité à-la-Bourvil sur des textes que ce dernier n’aurait pas reniés, révèle une plume très sensible. On le devine, ces chansons sont chargées de références que la légèreté du propos et la mélancolie qui les irrigue ne dissimulent pas. Quant aux sonorités qui les habillent, elles sont d’une grande et réjouissante modernité. Ainsi, « Le porte-feuilles mortes », « Le monde entier », « Rendez-vous manqué » ou « Je crois que j’oserais te dire je t’aime » sont des petits joyaux.
En parfait décalage avec notre époque épuisante, Louise Pressager nous livre une poésie gracieuse, où il est bien entendu question d’amour, même quand elle n’en parle pas, sur des musiques à déguster sans hâte, au calme.