Jazz Village / Pias
Leyla McCalla livre avec The Capitalist Blues un protest album qui ne dit pas son nom. Reflétant l’expérience personnelle de la chanteuse, violoncelliste, guitariste et joueuse de banjo, The Capitalist Blues est un patchwork des différentes facettes de la musicienne et tend à montrer les paradoxes de la société capitaliste du monde occidental, où la violence des profondes inégalités est juxtaposée aux idéaux d’une société démocratique pacifiée. Née à New York et installée à la Nouvelle Orléans depuis 2010, Leyla McCalla a exploré ses racines Haïtiennes et fait mûrir un son qui lui appartient mêlant jazz traditionnel de la Nouvelle Orléans, zydeco de Louisiane, calypso Antillais et slow rock.
« On attend de nous que nous fassions toujours plus, que nous soyons plus, que nous possédions plus. On dirait que tout le monde est dans une cocotte-minute dans ce pays. » Sans désespoir, les morceaux en anglais sont plus empreints de lassitude, tandis que ceux en Créole sont plus allègres. Comme si la première langue rappelait un monde vieillissant et fermé et la seconde l’ouverture, le métissage et la joie. « Settle Down » qui conclue l’album entremêle ces ambiances et nous invite à nous installer pour enterrer nos peurs et avancer : « l’esprit ne peut être contrôlé, l’âme n’a pas de prix ». Si la musique est le lieu emblématique des mélanges et des rencontres, l’album The Capitalist Blues de Leyla McCalla embrasse cette philosophie et on en sort plein d’espérances pour l’avenir.