Lenine Mac Donald, Samuel Cajal et Maud Lübeck : dans la hotte encore

Nous avons bien aimé Où sont tes rêves de Lenine Mac Donald. Après un premier effort voici quelques années, il nous est revenu avec 10 titres solidement écrits et composés. Le parti pris spoken word s’est enrichi de parties chantées, et bien chantées. Les arrangements au parfum bluesy (la guitare extraordinaire de Jake El Tao !) et la production mettent parfaitement en relief les textes ou LenineMcDonald livre un regard préoccupé sur le monde déréglé dont l’amour lui semble être la seule certitude. Dansant, chantant et superbement produit (quel son !) ce disque est une belle réussite, faite maison : une leçon d’indépendance !

 Distinguons aussi ce remarquable {Une issue} de Samuel Cajal. C’est le disque de la maturité du leader de feu 3 minutes sur mer, lauréat de la sélection 2012 du Grand Zebrock. Samuel n’a pas chômé ni perdu son temps depuis, ce disque en témoigne. Superbement réalisé par Johan Guidou (avec Jone, il fût du Grand Zebrock 2011) et entouré des voix de Nelylla et Karine Duhamel (elles aussi en ont été !). Attention les textes : de la grande plume. Très personnels, traversés des observations lucides et des morsures d’une époque brutale et voilés d’une pudeur touchante, ils frappent par leur envergure poétique. Quant aux musiques, fluides, mélodieuse et aventureuses elles font de ce disque une pièce majeure de la scène pop-chanson indé tendance #aveclespotes.

Dans la même galaxie indé (et peut-être pas si éloignée, si l’on juge de la profondeur des sentiments exprimés) nous retrouvons avec émotion Maud Lübeck. Elle aussi repérée dans le Grand Zebrock cuvée 2009, elle nous avait bouleversés avec Toi non plus en 2016 (déjà !), glaçante chronique d’un amour rompu, d’un amour partie. Divine, en est le versant printanier : nouvelle chronique pour un amour à nouveau vécu, enivrante, inquiétante (comme toujours en amour) rencontre d’une nouvelle aimée… Maud est experte en cœur brisé, palpitant, tendre et grand et toute en pudeur se met à nue, chanson après chanson, disque après disque. Au terme, cela constitue(ra) une œuvre rare, romantique et délicate. Le piano monte et descend les gammes, compagnon d’évasion et fondation de mélodies dessinées par la voix timide, émue, au souffle court que les synthés décorent ici, et là. Disque à découvrir doucement, Divine est une pièce de plus déposée sur l’autel de l’amour, toujours l’amour, encore l’amour par une jeune femme qui a bien entendu ce que Gainsbourg, Hardy et quelques autres ont conçu de beau.