Askehoug finit par faire de son nom qui nous piège toujours (il est où le h ? et d’abord, pourquoi ce h ?) une vraie référence, mieux une marque. Certes, celle d’un excellent musicien mais, mieux encore, un auteur – compositeur – interprète précieux. Deux albums puis ce dernier, French Kiss, douze chansons solidement cousues, avec une grosse dose d’autodérision et des textes à l’inspiration grand angle, dont l’éventail des préoccupations et des centres d’intérêts ainsi que la plume ont de quoi séduire les plus exigeants. De moins en moins trash, de plus en plus classe. Classe, c’est son truc d’ailleurs. Un côté Neil Hannon, le Divin Comédien, qui s’entend nettement dans la musique : titres sacrément orchestrés, joliment arrangés avec une grande palette sonore et d’effets dispensés avec mesure; et dans la dramaturgie de l’interprétation: Askehoug « vend » ses chansons comme rarement, y mettant force conviction. Enfin, surtout évoquons la voix, parfait véhicule de ce baiser-à-la-française qui parfois nous traine vers Nougaro, pour son timbre et surtout Bashung, pour cette façon de chanter l’air de rien, avec détachement. Dandy, quoi.
C’est le rôle qu’Askehoug adore jouer, Dandy. Il y est d’ailleurs bon, le bougre, regard narquois, moustache à la Jean Rochefort, sapé. Il te toise, public, mais avec affection, car nous le savons: c’est un homme bon, tendre et un brin timide. La sélection 2010 du Grand Zebrock l’avait accueilli et il avait, finaliste, électrisé la Maroquinerie puis la scène Zebrock de la Fête de l’Humanité. 2017, son heure est arrivée. En concert et sur disque Askehoug a de sérieux arguments pour s’installer durablement dans le peloton de tête. Respect.
Askehoug, French Kiss (Ulysse Maison d’Artistes – L’Autre Distribution) / mars 2017