Carole Masseport – A la fin de l’hiver

Pardonnez d’emblée le ton de cette chronique. Ici nous aimons Carole, et ça fait un moment. Donc fatalement tout ce qui suit est empreint de notre affection nouée dès 2005 quand sort son premier disque qu’elle qualifie elle-même de trop en avance, pas dans le bon tempo. Certes. Mais elle nous avait séduits : ses textes, sa voix juste et ample et ce visage aux traits nobles, pesque déjà vus sur une gravure Etrusque. Nous ne nous sommes jamais perdus de vue, même quand elle officiait sous pseudo au sein des POUF, cette formation rock aux accents féministes-mais-pas-que dont elle est revenue basse-violon sous le bras. C’est flanquée de cet instrument que nous l’avons retrouvée en 2014 quand elle a pris le train du Grand Zebrock. Bosseuse et humble nous avons vu se dessiner les contours d’un nouveau projet abouti par ce magnifique A la fin de l’hiver.
Sa rencontre avec Jean-Jacques Nyssen méticuleux artisan de la chanson, aura été décisive et diablement productive. Carole semble y avoir gagné de l’assurance et de la liberté : son récent passage Aux Trois Baudets combles en témoigne. Le disque précédé de quatre EP est enfin là. Il propose douze titres (12 !) d’une remarquable variété, des textes finement écrits avec Jean-Jacques Nyssen habillés d’arrangements subtils qui rangent d’emblée le disque sur l’étagère de la pop en français classieuse, élégante et raffinée (écoutez J’avais juré ou Quand je pense à nous).
Le registre amoureux y est exploré du toit à la cave sans une goutte de pathos, plutôt avec espièglerie et bien sûr tendresse. Carole chante l’amour avec passion, humour et une forme de nonchalance assez rare pour être soulignée. Sa voix magnifique, au timbre caressant, d’une très grande justesse, monte et descend avec aisance sur des mélodies astucieuses et parfois bien plus complexes qu’il y paraît, dans une diction parfaite. Un dernier mot pour la pochette, d’une beauté troublante. Dans ses moindres détails ce disque est une formidable réussite. Achetez-le ici !