Camille Hardouin, Mille bouches

Camille Claire Ha sur le résosocial alias Camille Hardouin, vient donc de sortir son premier album.
Ce Mille Bouches va faire parler de lui. Premier album d’une jeune femme précédée d’une « petite » réputation, je pronostique qu’il lui valle vite un écho portant bien au-delà du cercle des initiés. Bois, cordes et voix : le son en est doux à souhait, réalisé par Seb Martel qui sait ce qu’économie de moyens et mystère des sons feutrés veulent dire. Juste un velours pour l’émotion de la voix et des textes. Ca commence avec une chanson d’amour et de désir, Mille bouches, incroyablement crue et pudique, sur le mode de ces chants qu’Alan Lomax a soigneusement collectés voici presque mille ans dans le sud profond des Etats-Unis. Du blues, tout court. De il me plait pas en Ma retenue, subtile et tendre valse, ou J’veux pas et La vagabonde, ce sont d’étonnantes chansons que nous propose Camille. Très personnelles, très intimes, très sincères. L’amour encore et toujours, la rencontre et la fragilité, le bonheur de la vraie vie à vivre vraiment sont au cœur des 10 chansons parcourues d’une douce mélancolie et aussi d’autodérision.
La pochette toute joliment dessinée fait écho au travail graphique dont le blog de l’insatiable nous livre quelques traces.
J’ai connu Camille, Demoiselle Inconnue, alors que, si l’écriture était une certitude, la chanson était une l’hypothèse. À la recherche d’un endroit pour se raconter et d’un moyen pour le faire, elle s’est propulsée lauréate émouvante du Grand Zebrock quelques mois plus tard. Elle a avancé, nous nous sommes suivis de près de loin. Cet album fruit d’un travail acharné et de mille peurs survient après que quelques scènes aient chaviré sous le charme de son authenticité. Elle a suivi son chemin qui place aujourd’hui Camille Hardouin près de Loïc Lantoine, pas loin de Michèle Bernard, petite elfe de ce maquis dont parlait Kent. J’en suis tout chamboulé.
Camille Hardouin, Mille bouches (Mon slip production), avril 2017