Au jeu de la signification, Bashung est expert pour brouiller les pistes. Avec Jean Fauque, il a écrit et composé ce morceau riche en images et en sonorités et d’allure mystérieuse. Ce texte où tout se joue en faux semblants évoque de façon très elliptique la Résistance (Vercors, Vichy), la mémoire et l’honneur, et jette un regard ironique sur les mœurs de ses contemporains (saut à l’élastique..), pour finalement y entendre une poésie aux accents surréalistes portée par une mélodie absolument superbe. Le clip de cette chanson réalisé par Jacques Audiard, fut primé aux Victoires de la Musique 99. La nuit je mens est paru sur l’album Fantaisie Militaire, un des plus beaux et profonds albums de cet immense chanteur disparu en 2009.
Alain Bashung
Né à Paris en 1947, Alain Bashung passe une partie de son enfance en Alsace. Adolescent, il découvre le rock avec Buddy Holly et commence à jouer de la guitare dans les bases militaires américaines encore présentes. Après avoir été arrangeur et producteur, il obtient la notoriété avec les tubes « Gaby oh Gaby » (1980) puis « Vertige de l’amour »(1981). Remettant toujours en question son image et sa démarche artistique il impose ses chansons « pas faciles », tant par la créativité sonore que par la déconstruction-reconstruction poétique des textes. De fait, véritable novateur, il assemble plusieurs textes, (généralement écrit par d’autres), y retire les « mots » et les « ambiances », puis les réinjecte dans un grand puzzle sonique dont il a le secret. Après de multiples collaborations (Serge Gainsbourg, Boris Bergman, Jean Fauque) et succès (L’Arrivée du tour », « SOS Amor, » Madame rêve « »Ma petite entreprise » ). Bashung sort en 1998, Fantaisie Militaire. Le clip de « La Nuit je mens », réalisé par Jacques Audiard reçoit une Victoire de la Musique.
Illustration : Maryse Garel