Lauréat du Grand Zebrock 2009, le duo continue son chemin d’aventures musicales au gré de l’inspiration de ses deux protagonistes.
Pas difficile, de suivre La Bestiole à la trace : de premières parties lumineuses (Benjamin Biolay, Asaf Avidan, Les Négresses Vertes…) en clips efficaces (Il ne faut jamais, paru en juin 2019 aux accents gainsbouriens, style Anna Karénine produit par Jack White) jusqu’à se trouver invitée par les éditions Dargaud et l’Institut Français de Londres pour un projet original, le concert dessiné MY BEATLEMANIA by Magali Le Huche, La Bestiole avance.
Mais c’est le nouvel album, dont la parution est imminente, qui retient notre attention et attise notre impatience. il a eu le temps de murir, concocté pendant le confinement, il vient à point en cette rentrée. Bois & Bétons découle d’une commande autour des oeuvres de l’artiste-plasticien Benjamin Sabatier et confirme ainsi l’ancrage arty du duo. Huit titres très électriques le composent, climat chargé de sensualité, constructions sonores complexes et somptueuses, avec arrangements cuivrés pour certains, avec des accents cold wave pour d’autres. L’album sonne très British. Delphine Labey (textes, chant & percussions) et Olivier Azzano (guitares, sons et production), ont fait là un travail méticuleux et référencé. Ils signent un disque inventif et hors sentiers balisés, très agréable à entendre et passionnant à écouter. Belle alchimie : les textes sont denses, expressifs. Delphine mi-fébrile mi-fragile, joue habilement sur les sons et le sens pour moquer son égo bardé de solitudes (Fragile), elle est ambiguë et troublante dans Il ne faut jamais, titre impressionnant de majesté, elle est inquiétante et ironique dans Bois et bétons (Part 2) aux échos surréalistes. Olivier, quant à lui, semble accomplir la foule des désirs musicaux et sonores qui l’habitent depuis longtemps. Nous entendons mille et une des références qui ont construit le musicien qui sait ce que groover veut dire. Bois et bétons est une claque, un album qui finira culte, un truc hyper rassurant sur la scène française capable de sortir de vrais joyaux, dans une économie modeste, sans grosse machine. Mais nous espérons bien qu’enfin mis entre les oreilles du public, il connaîtra le succès qu’il mérite et que de nombreux fiévreux concerts viendront le couronner.
Crédits photo : Fanny Castaing Hyphen