Nous sommes un certain nombre à noter la faible place qu’occupent à ce jour la culture, l’art et la création dans les débats des élections à venir. C’est d’autant plus inquiétant que de fort mauvais vents soufflent outre-Atlantique qui ont leurs adorateurs ici et que l’Europe et notre pays ne font pas preuve d’un grand appétit sur ces questions. Nous avons bien compris que art et culture étaient pour certains potentiellement indexés sur le dow jones et prétextes aux optimisations fiscales de GAFA et consorts. Et puis c’est sûr, on ne peut pas éteindre les incendies ou faire du marketing politique et avancer des idées pour accomplir ce qui est une des activités les plus humaines qui soit. Car, ainsi que l’avance le psychanalyste militant Roland Gori, n’est-il pas temps d’accéder à “la pleine reconnaissance de la fonction sociale de l’art“ ? Et nécessaire, par ces temps de crise suraiguë, de considérer que “L’art est ce qui peut venir prendre le relais de l’illusion religieuse en tant que sa critique aboutit à considérer que l’homme est pour l’homme l’être suprême”.
Et si finalement la real politik était de poser ces questions au centre des débats politiques ? Soudain elles y prennent une amplitude insoupçonnée et nous nous mettons à imaginer une société qui consacre une large part de ses richesses à partager les connaissances et fait son cap de l’épanouissement de chacun/e. Infiniment moins couteuses que la course aux armements, non polluantes et renouvelables les activités artistiques et culturelles sont sans doute le nouvel âge de l’Humanité. Les adeptes du tout libéral, et avec eux les géants du numérique, ne s’y trompent pas qui redoutent par dessus tout le renouvellement et l’extension des politiques publiques de la culture, qui garantissent une véritable démocratie culturelle et la liberté de création et de diffusion. Du coup, les renforcer devient une hypothèse de travail. Utopie ?