KARINE CLERCQ : La boîte de Pandore

Ah la belle découverte ! A son quatrième album il était temps que nous rencontrions Karin Clercq, raffinée chanteuse belge, voix chaude et expressive, entourée de musiciens savants et cultivés. Particulièrement habile pour parler des femmes et de l’amour, elle a l’art de répandre un parfum pop au fil de compositions qui révèlent une inspiration qui a trouvé sa source du côté de Bashung – dont elle reprend Madame Rêve – et de cette autre magnifique chanteuse belge, An Pierlé. Nous découvrons des arrangements puissants issus de l’école Miossec, au service de textes particulièrement saisissants. En ouverture du disque, J’avance (J’avance, le reste n’a plus d’importance …) est à mettre dans la bouche d’un migrant qui défie l’existence et les éléments sur un canot d’espérance. Le ton est donné : elle ne chante manifestement pas pour passer le temps, comme le revendiquait Jean Ferrat. Le mur de guitares derrière souligne l’urgence du propos. Un peu plus loin Presqu’une femme, dont nous vous recommandons de voir le clip, raconte le parcours initiatique d’une fillette destinée à devenir femme dans la société bourgeoise du 19ème siècle, quand les femmes avaient un avenir tout tracé : être – à vie – la moitié d’un homme. Un a capella de trois voix rythmées par un tambour suffit à donner à la chanson sa tonalité lugubre, étouffante. Continuons : au choix, La boîte de pandore, qui donne son nom à l’album, met en musique la vanité et la démesure des pulsions guerrières, machistes et productivistes de l’homme et mise sur une once d’espoir niché au fond de la fameuse boîte – qui a pourtant été ouverte ! Partie, puis Antigone campent deux figures de femme fidèle à ses envies et à sa conscience. L’une habitée de la mélancolie du départ a des accents de ballade romantique habillée des sonorités de circonstance, piano et nappes de synthétiseurs, l’autre proclame le goût de la liberté, vêtue de rifs de guitares et de structures rythmiques complexes, mi rock, mi funk. Le reste à l’avenant : douze titres pour le magnifique album d’une chanteuse importante, qui avec grâce semble s’atteler à la définition d’une pop au propos politique – au meilleur sens du terme. Splendide.