Cette chanson a une belle histoire. Écrite par Anna Marly, en russe en hommage à la résistance soviétique, puis devenue le bien plus célèbre Chant des Partisan avec des paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon, elle devient la Complainte du Partisan après qu’un éminent résistant français, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, en eût composé les paroles. Hy Zaret, un prolifique auteur de succès américain entend cette chanson sur la BBC pendant la guerre : elle l’émeut, il en fait la traduction. Longtemps il passera pour son auteur. En 1969, Léonard Cohen, artiste canadien, figure montante de la « contre culture » nord-américaine exhume cette chanson alors oubliée et lui donne une seconde vie, mêlant textes français et anglais. Elle a depuis été reprise par de nombreux chanteurs en France et aux États-Unis. Sur le mode de la complainte, c’est à dire un récit plaintif chargé de mélancolie, la chanson fait parler un personnage qui, sans joie et sans passion apparente, s’engage dans un combat dont il connaît l’issue certaine: la prison, la douleur, la mort. Mais il refuse de vivre à genoux et sait que la liberté reviendra. On note qu’il n’y a aucune ferveur dans le propos, aucune glorification en est attendue, alors que le prix à payer (perdre femme et enfants) est énorme: quand la liberté reviendra, on retournera dans l’ombre de l’anonymat.
Leonard Cohen
Leonard Cohen, né le 21 septembre 1934 au Québec et mort le 7 novembre 2016, est un auteur-compositeur-interprète, musicien, poète, romancier et peintre canadien.
Les premières chansons de Cohen (principalement celles de Songs of Leonard Cohen, 1967) imposent sa musique folk qui évoluera pus tard vers une pop plus synthétique .
Sa poésie et ses chansons abordent des thèmes aussi divers que l’amour, la religion, la solitude, la sexualité et la complexité des relations entre les hommes. Et les femmes qui occupent un grande place dans sa vie et dans son imaginaire. On compte plus de 1500 reprises de ses chansons, notamment le Partisan, Suzanne, Sister of Mercy, Bird on Fire.
Au fil des années 70 sa stature sera l’égale de celle d’un Dylan ou d’un John Lennon, celle d’un artiste majeur.
Cohen est introduit au Rock and Roll Hall of Fame en 2008. Son œuvre poétique a été récompensée par le Prix Prince des Asturies des Lettres 2015.