Comment s’inscrire dans une culture orale ancestrale tout en collant avec son temps ?

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Retour sur l’atelier d’écriture du Grand Zebrock avec Félix Jousserand

Fonctionnant en diptyque, l’atelier est composé d’une première séance théorique puis d’une seconde basée sur la pratique. « Peut-on être populaire sans faire de la pop ? » C’est le thème que Félix Jousserand a proposé à la promotion du Grand Zebrock pour cette première séance. Le problème repose sur le double sens de populaire : qui plait au plus grand nombre, et qui s’adresse ou qui vient du peuple. Activiste de l’underground parisien et figure du slam français depuis 15 ans, Félix Jousserand se plait à la fois dans la poésie brute en lien avec son temps que dans la poésie médiévale occitane (voir Canso, adaptation de « La Chanson de la croisade albigeoise »). Curieux, éclectique et fin connaisseur de l’écriture scandée, slamée ou chantée, Félix Jousserand propose donc de donner en six séances une boîte à outil permettant aux paroliers en herbe « de trouver leur place entre la page et  le micro ».

La figure de l’artiste reclus dans son monde créatif à qui l’inspiration vient comme une onde magique est un lieu commun récent, qui n’existe que depuis le XIXe siècle. Jusque-là, l’artiste est un harangueur, un troubadour qui jongle avec les mots et s’adresse tantôt aux seigneurs, tantôt au peuple sur les places de marchés pour informer, distraire et édifier. Écrire des chansons c’est donc s’intégrer dans un héritage oral souvent anonyme, un bain d’histoire et d’influences. Justement, le mot rhapsode, qui désigne les aèdes grecs récitant les poèmes épiques, évoque étymologiquement celui qui coud des chants ensemble et les actualise. Il s’agit en effet, de s’inspirer et de mettre au goût du jour des thèmes ancestraux. Et quand la chanson marche, c’est qu’elle colle à l’air du temps. Sans être un simple miroir, le chansonnier contribue à son époque en y faisant écho. Alors pour qu’une chanson soit réussie, il faut du travail, de la réécriture, du tri, et aussi un peu de chance pour que le public s’approprie la chanson et en fasse le marqueur d’un moment et d’un lieu.